Le bavardage de nos pensées n'est pas forcement négatif: il nous permet d'établir des stratégies de vie, voire de survie. Le dernier livre de T. Janssen "Le défi positif " est axé sur le bonheur et la bonne santé. Il y explique les différentes théories humanistes de
Carl Rogers, Kierkegaard.. en passant par Frankl, Maslow, Selingman... Il y expose la psychologie positive. Il n'affectionne guère le classement entre émotions négatives et
positives qui soutend une échelle de valeurs comme si les unes étaient bonnes et les autres mauvaises. Mais il est nécessaire de prendre garde à ce que ces pensées ne soient que négatives.
La colère, la tristesse, le dégout, la peur permettent des réactions rapides face à un danger, elles nous alertent: par exemple, le dégout de l'odeur nauséabonde d'un met nous met en
garde contre sa consommation. Les émotions positives sont plus agréables et sont des signaux de sécurité.
Barbara Frederikson, éminent professeur en psychologie positive précise dans sa théorie "Broaden-and-Build Theory of positive Emotions"que les négatives répondent à la survie et les positives à développer des ressources pour
continuer à vivre sur le long terme. Plusieurs études ont montré que plus un individu éprouve des émotions agréables dans son quotidien, plus il est capable de faire face à l'adversité. Le
négatif est plus fort que le positif... Tout est question de ratio. Robert Schwartz , psychiatre à l'université de Pittsburg a constaté que des patients
dépressifs ressentaient moins d'une émotion agréable pour une négative. Après traitement, ceux qui guérissaient étaient ceux qui atteignaient un ratio 4/1 .. Il apparait qu'une émotion agréable
ne compense pas une désagréable.
Eprouver 3 émotions positives pour 1 négative est une preuve de bonne santé mentale. Augmenter la dose d'émotions
positives ? La question est comment atteindre ce bon ratio de 3/1? En developpant nos affects positifs qui
dépendent à 50% de la génétique, 10% des circonstances de vie et 40% de notre investissement personnel. La génétique me direz-vous?
Oui, il existe un gène qui code la fabrication d'une protéine qui assure le transport de la sérotonine, neuromédiateur qui intervient dans l'humeur: c'est le gène 5-HTTLPR localisé sur le
chromosome 17 (1) . Ce gène existe sous en forme courte S (short in english) et L (long). Tout va être une histoire d'homozygote ou
hétérozygote pour ce gène: Shelley Taylor (2) a montré que les porteurs homozygotes SS de 5-HTTLPR ne sont pas pour
autant condamnés à la dépression mais auront des difficultés à gérer les situations stressantes par faible concentration sanguine de la sérotonine. Cette tendance est d'autant plus
importante que l'entourage n'aura pas été sécurisant. Boris Cyrulnik les décrit ainsi : "Un rien les blesse"(3). Si vous êtes
hétérozygote SL ou homozygote LL, la protéine sera produite en quantité suffisante et pourra assurer sa fonction de transporteur de sérotonine: vous serez plus apte au bonheur. Nous avons
précisé que l'héritabilité intervenait pour 50%.. Nous pouvons agir sur les 10% liés aux circonstances de vie (?) et surtout sur les 40% dépendant de notre investissement
personnel.
Iconographies :"Broaden-and-Build Theory of
positive Emotions": cliquez sur l'image pour la voir plus grande -The serotonin transporter gene (SLC6A4). 5-HTTLPR is located on chromosome 17.
Sources: (1) c'est également sur ce chromosome 17 que se situe le gène
BRCA1 responsable du cancer du sein et ovaires (2)Genetic contributions to sensitive parenting -Shelley E.
TaylorUniversity of California, Los Angeles, CA, USA
Social Influences
on Health: Is Serotonin a Critical Mediator BALDWIN M.
WAY, PHD, AND SHELLEY E. TAYLOR, PHD (3) De chair et d'âme Boris Cyrulnik
p25-26-27