J’ai aimé cette précision de vocabulaire, j’aime les mots , ils parlent aussi, ils me parlent.. Les Anglo-saxons ont plusieurs mots pour désigner les différents faces de la maladie: disease, c’est la maladie sur le plan médical, illness, c’est la maladie vécue par le malade et sickness, le versant vu par l’entourage du malade. En français, cette différence n’apparait pas. Jouant avec les mots , les auteurs proposent MOILADIE et TOILADIE… amusant et très évocateur. Plus sérieusement, ils proposent : AUTOPATHIE: façon de vivre sa maladie, sa souffrance et HETEROPATHIE, traduit la souffrance des autres à l’égard du malade.
Le malade du cancer sait pourquoi il est malade, mais c’est tellement douloureux qu’il l’a enfoui… p 52. J’adhère complètement avec cette approche. La psychothérapie permettrait au malade d’accéder à son savoir sans en mourir.
Il existe plusieurs façons de voir sa maladie (autopathie) , nous ne sommes pas fait du même bois:
- elle est reliée à sa vie, elle a un sens, c’est le résultat de son incompétence à faire face à sa vie
- c’est une fatalité qui ne le concerne pas et charge le médecin de s’occuper de tout et il continue sa vie comme si de rien n’était .
Pierre Cazenave pensait que le cancer était le résultat - la plupart du temps - d’une maladie psychique liée à un défaut de construction psychique , de la personnalité, d’un narcissisme
primaire.
Confronté à l’annonce d’un cancer, afin de ne pas mourir, de ne pas sombrer dans la folie, le malade doit reconstruire toute son histoire en fonction d’événements nouveaux.
Est-ce ce besoin de trouver un sens à la maladie qui est l’expression du désir de survie ? Chez ces patients apparemment équilibrés psychiquement , l’annonce de la maladie présupposée mortelle,
éveille une souffrance psychologique - oui, je confirme - , l’exploration ici et maintenant de cette souffrance l’ a fait entrer en résonnance avec des souffrances archaïques très
anciennes , qu’il est nécessaire de mettre en évidence et citant Céline: « DEVENIR SOI MEME AVANT DE MOURIR ». L’âme s’est tordue dans
tous les sens pour éviter de voir sa détresse en face comme le corps adopte une position antalgique afin de pouvoir vivre sans souffrance apparente pendant des années. C’est cela qu’il faut
réparer, dénouer..Cela m'évoque " le déclic " de Marie Lise LABONTE et tout son travail de libération
des cuirasses...
quatrième de couverture du LIVRE DE PIERRE