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La honte est un facteur d'anti-résilience . La honte est un "objecteur de conscience" , qui nous rabaisse. Cependant, une pointe de honte est morale: je dois tenir compte de ce que les autres sont , je ne peux pas tout me permettre. Cela permet de vivre ensemble. Dans ce livre ,le neuropsychiatre Boris Cyrulnik explore la honte : honte d’être trop gâté par la vie ou honte d’être trop pauvre, honte de ce qu’on a fait ou de ce qu’on n’a pas le courage de faire. Sans oublier la honte des survivants de crimes de masse, ou la honte des personnes victimes d’abus sexuels. Je pense qu'il est possible d'y joindre les survivant(e)s de gros crash, d'accidents, d'attentats, de maladies.. 

Avec toujours cette interrogation : comment ne pas s’enfermer en elle comme dans un trou de souris ? Comment la dépasser ? Je n'éprouve  pas vraiment de la honte de guérir .. Cependant , je ressens une très grande émotion lorsque j'entends que telle ou telle personne meurt d'un cancer ou  est en récidive..  Cela me révolte, me donne envie de crier NON.. Je me demande pourquoi ??  Qu'est qui ferait, qui fait que je guérirais et pas eux ? Dans quel schéma cela s'inscrit -il ? Est ce parce qu'elle/il n'a pas fait le bon régime DSS ? Est -ce parce qu'elle n'a pas connu et/ou eu la chance d'être confiée à la "bonne " équipe médicale  et chirurgicale ? de n'être pas du bon côté de la courbe statistique ? Pourquoi cette malchance ? Est -ce l'isolement , le manque d'amour autour d'elle/lui qui l'a condanné(e) ? Est- ce parce qu'elle/il n'a pas ou plus eu le courage de vivre ? Est- ce par manque d'appétit inconscient de vivre ? Est-ce parce qu'il/elle n'a pas suivi la bonne psychothérapie, la bonne technique de cohérence cardiaque, EFT..? Je me demande avec un peu de honte aux joues ce que je pourrais faire encore pour remercier de cette chance ? En fais -je assez ? Et pour aider les autres ? Est-ce que je loue assez la Vie ? Et parfois, arrive cette petite voix qui me souffle :"ça  peut ne pas durer"..."Tu peux aussi rechuter" .. Alors , je la chasse et je VIS mais accompagnée par ce double terrifiant. Est- ce cela la résilience ? Est -ce que je dois faire mon deuil d'une belle espérance de vie familiale où tous vivent presque centenaire et avec toutes leurs capacités? Ou dois -je transcender cet épisode de ma vie et passer à autre chose ? Est- ce que de cela aussi , je dois faire le deuil ? J'ai honte lorsque O. jeune femme qui nous est proche car en plus, fille d'un ami, souffrant d'une grave récidive d'un cancer des ovaires me dit qu'elle pense beaucoup à moi et s'encourage en se disant que si j'y suis arrivée, elle le peux aussi ... Je suis totalement désarmée et ne sais que lui dire, que faire (d'autant que sa maman est décédée de ce même mal ).

Je n'ai confié qu'à très peu de personnes , ma traversée du cancer.. ma très très proche famille et deux très grandes amies . Ce "coup de tonnerre dans mon ciel azuré" étant arrivé fin juin, c'était les grandes vacances.. Ce fut très facile de ne rien dire. A la rentrée, perruque sur la tête, je fis les rentrées comme d'habitude, j'oserais dire. Nous avions juste diminué notre vie sociale . Je faisais mes séances de chimio, le mardi à midi en sortant de cours, j'avais l'après midi ainsi que le mercredi  pour me reposer, au cas où. Personne ne s'est rendu compte de quelque chose.. Mes collègues m'ont même complimentée pour ma nouvelle coiffure courte ;)) Depuis ces 4 années, je me demande les raisons qui m'ont poussée à ne rien dire, et encore aujourd'hui, je n'en parle pas (ce qui occasionne de jolis quiproquo lorsque quelqu'un a un cancer ou en a peur et me dit que je ne peux pas comprendre..).Je crois que c'est aussi la honte , la honte d'être malade, moi .. Super Marielea.. Péché d'orgueil ? Non -aveu de faiblesse ? Je ne sais pas très bien. J'ai conscience que ce n'est pas du déni, mais que cet incident de parcours est mon secret, notre secret à mes très très proches et à moi. De plus, je suis presque sûre que beaucoup de ces personnes n'auraient pas eu la bonne oreille pour m' entendre . Lorsque je lis des commentaires décrivant des mauvaises réactions de certains entourages, je me dis que j'ai surement eu raison..

Je vous lie l'émission où B.C. explique ce livre, ce sentiment de honte. Je réfléchis à "se rendre capable de dire et rendre capable son entourage d'entendre" .

 

 

 

 

Tag(s) : #Au fil de ma mue
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